Les disciplines protagonistes

Dans mon travail de mise en scène, j’élabore depuis plusieurs années la dramaturgie plurielle comme un langage propre : l’unité générée par le dialogue de plusieurs disciplines artistiques. Je creuse cette idée que, sans perdre leur singularité, les matières artistiques ne se juxtaposent pas mais se fondent entre elles pour donner vie à une forme dramatique unique. Chaque discipline est positionnée en protagoniste. Les artistes-interprètes doivent alors faire corps avec leurs matières, car ce sont elles qui entreront en dialogue, elles qui devront établir un mode de communication pour permettre un échange constructif. Ici, le verbe n’arrive qu’en fin de travail pour laisser aux corps, aux techniques, aux rythmes et aux musicalités des disciplines le temps de construire leurs relations, leurs passerelles. Une belle métaphore scénique de la diversité et de la coopération. L’art du clown s’apprécie par sa grande intensité émotionnelle, son ultra sincérité, la force des images que dessinent ses gestes et ses mouvements, sa capacité à tout dire, tout faire, sa résilience. L’art numérique se traduit scéniquement par des images et des sons qui influencent les autres protagonistes et encouragent la fabulation. Il donne à voir et à entendre l’invisible et le non-dit.