Le D

Un jeu de spectacles protéiforme et tout public dès 8 ans

En 1870, Arthur Rimbaud écrit le Dormeur du Val. Une rencontre avec un corps sans vie, un dormeur dans un petit val moussant de rayon. Cette rencontre, nous voulons la transposer dans notre monde contemporain.

Qui serait le dormeur, dans notre monde occidental protégé ? Comment réagirions-nous ? Plus nous nous aventurons dans le XXIème siècle, plus ce questionnement gagne en légitimité. La précarité grandissante, les crises migratoires, les incidents climatiques, les risques d’attentats, les pandémies sont autant de facteurs allant dans le sens d’une rencontre avec des dormeurs. Le réveiller aujourd’hui, c’est questionner nos individualismes face à la détresse de l’autre, nos tabous et nos peurs, la violence de notre humanité. C’est mettre en lumière la réalité des dormeurs, et inviter chacun à réfléchir à ses moyens d’agir pour l’éviter.

Composer six variations,  clown, danse, musique, théâtre et arts visuels à partir du Dormeur du val, c’est jouer à faire vibrer les vers de
Rimbaud dans l’esprit des spectateurs au travers de formes diverses, où parfois le verbe est quasi-inexistant. C’est, pour celles et ceux qui découvriront le poème, ouvrir une porte vers une œuvre superbe et un auteur incontournable. En tant qu’artistes français, c’est aussi prendre le risque de se frotter à un monument de son patrimoine littéraire pour, sans le trahir, espérer le sublimer à son tour.

Sublimer l'œuvre originelle et réactualiser son propos

Tels sont les défis auxquels répond le D, un ensemble de six variations sur le poème Le Dormeur du val, indépendantes et complémentaires à la fois, que l’on compose à notre guise. Elles sont les suivantes :  

 

 

Arts du clown, danse, musique et arts visuels – 1h30 – en salle

PRENDRE LE RISQUE DE S’APPROPRIER SUR SCÈNE UNE ŒUVRE LITTÉRAIRE MAJEURE

Un spectacle sous le label : Sélection printemps des poètes

 

En 1870, Arthur Rimbaud nous fait le récit d’une découverte : la rencontre avec un corps sans vie. Souvent sublimée pour son caractère historique, nous souhaitons nous confronter à la probabilité d’une rencontre équivalente dans notre monde contemporain occidental. Et si quelqu’un découvrait le dormeur aujourd’hui ? Qui serait-il ? A quoi ressemblerait-il ? Comment réagirions-nous ? Les événements géopolitiques, économiques et naturels actuels semblent donner une légitimité malheureuse à ce questionnement.

 

Tristement ou fatalement, nous sommes tous susceptibles de croiser un dormeur «jeune, bouche ouverte, tête nue… la main sur la poitrine». Nous voulons donner un caractère universel à cette rencontre en n’oubliant pas que de nombreuses populations sont confrontées régulièrement « aux dormeurs éternels » à la croisée d’un chemin.  Réveiller le Dormeur aujourd’hui c’est questionner nos individualismes face à la détresse de l’autre, nos tabous et nos peurs, la violence de notre humanité. C’est mettre en lumière sa réalité et inviter chacun à réfléchir sur ses moyens d’agir pour l’éviter. 

 

Le poème nous offre une matière artistique important, qui nous est donné à développer, à construire et à expérimenter :

  • un très bon canevas d’écriture scénique qui permet de mettre le spectateur dans la condition d’une première lecture du poème,
  • une base qui permet la rencontre et le dialogue entre les imaginaires des artistes et ceux des spectateurs,
  • un trait-d’union entre les disciplines,
  • une contrainte artistique: faire oublier la mort, son ressenti négatif

Réveiller le dormeur en 2017 c’est, en conclusion, rendre hommage à un poète qui, au fil des générations, continue de nous poser la question de ce soldat, du lien indivisible qui existe entre la vie, la nature, la mort et de notre violence d’Homme contre nos semblables ou contre nous-même.

Arts du clown et danse –  30/40 min – dans les espaces verts

 

Des spectateurs scouts louveteaux de la troupe des castors sont invités à suivre leur cheftaine Clown dans la forêt ou le parc urbain pour installer le campement du week-end.

Entre excès d’autorité, déclaration d’amour à la “madame Marguerite” de Roberto Athaïde et grands moments ludiques, l’exploration est optimale. 

Un nuage passe. 

Clown trouve une main dans un buisson. Oups.

Un uniforme. 

Un nouveau membre à la Troupe ?

Sans doute un peu trop récalcitrant à son goût, Clown va tout tenter pour le faire rentrer dans le rang. 

 

Le Petit Val met la nature au premier plan, Clown nous invite à l’observer, à la sentir, elle fait honneur à son immensité, à sa beauté. 

 

Nous  laissons ici le Soldat du jeune Rimbaud pour réveiller le dormeur contemporain, celui d’aujourd’hui, celui qui partage ma société.  Cet homme, cette femme, cet enfant qui s’allonge chaque soir, sans rêves, dans un parc, à l’abri des regards. Cet homme, cette femme, cet enfant qui me rappelle ma chance autant que mon impuissance, qui rend l’humanité âpre et triste.

 

 

L’espace vert sera habité de déchets, les empreintes que l’Homme laisse sur la nature. Une tente est déjà plantée là, afin de rappeler un camp de migrants ou de sdf.

Un système sonore sera employé pour donner une voix à la Nature qui répondra au actions de Clown. 

 

Installation d’arts visuels (sons et lumières) et danse – 30 min – dans la rue ou espace d’exposition

 

Dans Expiration, le focus sera pointé sur le moment où, la vie le quittant, le soldat en permission devient le Dormeur du val. Un contraste entre un être expirant, s’approchant de la rigidité cadavérique et la nature vivace et changeante ; la vie et la mort au même instant.

 

Une danse de lumière entre deux êtres à la fois si beaux et si repoussants. Une nature qui berce en son sein un dormeur qu’une force contre-nature a soufflé. Une valse au rythme de la mort et de la Nature que le spectateur observe à distance, derrière une barrière : la nature lui est interdite. Une œuvre qui tentera de jouer sur les perceptions entre l’onirisme et le réel.

 

Création d’une nature urbaine par des projections de lumière sur une installation scénographique. Tantôt bucolique et chatoyante, tantôt terrifiante et vengeresse.

 

En contrepoint de l’animation de la nature, Danse incarnera l’agonie du Dormeur : chorégraphie minutieuse du dernier souffle, allant decrescendo. Sans pathos ni émotion, elle évoquera quelqu’un qui, exténué par la vie, se laisse aller au repos éternel.

 

↠︎ Nous voulons par ce travail rappeler les conditions de vie des migrant.e.s et précaires, à qui on ne donne pas de place au sein de nos sociétés et qui, en un sens rejetés, prennent refuge dans des parcs urbains, ou des bois à l’instar de la jungle de Calais… car ce sont bien eux, nos dormeurs contemporains.

Mise en voix du poème face à son pendant contemporain – 15 min – lieux de convivialité

 

Dire le Dormeur du val dans une interprétation épurée, brute et sur le fil. Puis laisser la place à  une parole contemporaine, une écriture d’aujourd’hui faisant écho à notre poème rimbaldien. Il évoquera un autre dormeur oublié dans un endroit tout aussi commun qu’improbable.

 

Redonner à entendre de la poésie dans sa force brute… Rappeler à la fois la contemporanéité de Rimbaud et à la fois la réalité de notre humanité : en 170 ans l’Homme n’a pas tant changé que ça malgré la forte présence de la technologie.

 

Nous laissons encore bien des gens de côté, oubliant l’essentiel, nos vies, leurs états  de Nature, leurs Tout.

Scénographie immersive – Danse, clown et arts visuels – 25 min – théâtre, espace d’exposition, ou rue (si possibilité de projection)

 

Par cette oeuvre, Lucile André veut mettre en exergue la marche comme processus universel de mise en mouvement. La marche créatrice du poète qui, au fil de ses errances, contemple son environnement et y puise l’inspiration. Le rythme et le souffle de la marche qui le pousse à créer. Cette marche est aussi la marche et l’errance de l’exil, de l’épuisement, de la fuite, de la désertion. Et aussi à l’opposé : l’absence de marche, la mort.

 

C’est un travail sur l’attente, celle de la rencontre entre danse et clown. Nous feindrons sans cesse des situations propices à la rencontre des corps qui s’annuleront in-extremis. Ces répétitions monteront crescendo jusqu’à la chute.

 

Des spectateurs volontaires seront placés sur des tabourets tournants sous des structures symbolisant les arbres, la végétation de la forêt. Ils pourront ainsi se diriger vers le point de l’action scénique qu’il souhaitent regarder. Un mapping sera mis en place pour projeter sur ces structures des images du monde végétal, et appuyer sur le mouvement perpétuel de la nature.

L’action se situe en Ethiopie, en référence à la dernière partie de vie de Rimbaud. Deux protagonistes : Théâtre et Musique. Théâtre donnera vie à un Arthur Rimbaud d’une trentaine d’années, boitillant. Musique sera un personnage hybride, confident de Théâtre, il  évoquera à la fois un jeune éthiopien de notre époque et le serviteur de Rimbaud en 1890.

 

Réminiscence est un dialogue entre voix et mélodie. A partir des briques élémentaires, fragments de la vie de Rimbaud qui nous sont parvenus, Lucile André construit une pièce écho de l’image qu’elle se fait du poète. 

 

C’est aussi le poète dans son processus de création qui est mit en lumière, que l’on interroge sur les conditions de l’écriture du Dormeur du val. C’est un jeu de déconstruction du poème actuel. Imaginer le parcours de pensée de Rimbaud quand il a écrit ce poème. 

 

C’est peut-être donner l’envie à certains de relire de la poésie, d’en écrire, ou bien tout simplement se laisser porter par une fable, celle d’une icône de la poésie française.

Le D, c’est la rencontre de six cultures artistiques différentes : arts visuels, poésie, danse, théâtre, musique, clown. Nous avons voulu que Le D porte la rencontre de six mondes artistiques différents, qui participent, avec leur propre langue, à la construction d’une interprétation du poème de Rimbaud. En découle, pour les artistes-interprètes, l’obligation de s’écouter pour communiquer, partager la culture de son art tout en s’ouvrant à celle de l’autre : tels sont les chemins d’une construction commune. 

 

Dans Le D, ce sont ainsi les disciplines qui deviennent protagonistes de chaque variation. Ainsi, dans l’ensemble du dossier, les disciplines seront mentionnées comme des personnages (Clown, Danse, Arts Visuels). L’œuvre a cette particularité de pouvoir raconter un tout, à travers l’assemblage de ses faces, mais aussi en se désassemblant de mettre à l’honneur, individuellement, le regard d’une discipline sur le poème. Il s’agit d’un ensemble qui permet à chacun, qui n’a pas à tout aimer ou comprendre, d’expérimenter différentes lectures et temporalités du poème, et y prendre son plaisir de spectateur. 

Le projet du D offre également la possibilité de jouer dans des espaces à chaque fois différents : théâtre, parcs, cimetières, cafés, rue… de quoi s’amuser à créer des combinaisons quasi-infinies.